Céline Bros: Le cœur, les fleurs et la raison

L’histoire de Céline Bros est particulièrement inspirante, elle dit beaucoup de choses sur l’entrepreneuriat. D’abord, que  c’est en se trompant qu’ensuite on réussit. Très souvent le succès est une histoire de personne et de moment, et pas seulement d’abnégation et de travail. J’avais déjà écrit au sujet de Céline, il y a quelques temps lorsqu’elle avait créée Ramène ta fraiz. Je trouve très chouette de suivre les gens dans leurs évolutions professionnelles car aujourd’hui une carrière ce n’est plus une longue ligne droite mais des changements, des détours, la route est parfois sinueuse et c’est tant mieux.

Céline quitte son emploi dans l’automobile, et monte début 2020 Ramène ta Fraiz. C’est à ce moment là que je fais sa connaissance. Je trouvais le concept super et nous avions collaboré, nous sommes par la suite devenue amies. Elle proposait des produits de bonne qualité en circuit court uniquement, beaucoup de produits bios et de petits producteurs. Et même si elle arrive à ce moment là à aligner son travail à ses valeurs , elle parvient plus difficilement à en vivre.
Céline travaille beaucoup, sillonne le Gard avec son petit camion, mais au bout d’un an, elle fait le constat que son entreprise est difficile à rentabiliser. « Je m’épuisais en voiture, j’avais du mal à développer une clientèle fidèle, j’étais complètement tributaire des approvisionnements des petits producteurs qui bien souvent préféraient vendre eux-même aux particuliers via leur réseau. Je perdais souvent le peu de marge qui me restait en essence. Parfois je livrais un client et je savais que je ne gagnerais rien. » Une nuit d’insomnie, Céline surfe sur les réseaux sociaux et découvre le concept de ferme florale. « Je vois la vidéo d’une jeune femme qui produit ses fleurs et les vends à Paris. Je cherche d’autres exemples de ce genre et en trouve un peu partout en France (Dans l’Aveyron il y a la ferme de Veillac qui propose le même concept), je découvre également le collectif de la fleur française, association qui milite pour soutenir le développement de la fleur française locale et de saison » (Aujourd’hui 80% des fleurs utilisées en France sont importées. Les modes de production des fleurs étrangères sont difficilement traçables, qu’il s’agisse des conditions de travail ou de l’emploi d’intrants qui abîment notre planète) . La graine est plantée dans la tête de Céline. « Je me suis dit qu’elles avaient crée le business model dont je rêvais.  J’ai toujours été passionné de fleurs et j’ai toujours eu besoin d’avoir de la créativité dans ma vie, mais je voulais rester chef d’entreprise. » Et puis parallèlement Céline achète un terrain avec son compagnon et il se trouve un champs juste à côté, que le propriétaire l’autorise à exploiter. « Tout se mettait en place pour que j’essaye ». Ensuite, cela s’enchaîne assez vite. Les étoiles se sont alignées, au printemps 2021 elle stoppe son activité de commerce alimentaire, en juin 2021 elle récupère son terrain qu’elle fait labelliser bio immédiatement, et commence ses premières ventes à Noël avec des couronnes et des fleurs séchées.

L’activité se développe, Céline assure la décoration florale de différents mariages, mais ses revenus ne sont pas encore suffisants pour en vivre pleinement. Elle réfléchit à travailler en mi-temps à côté pour compléter, le temps que son activité se développe. « Je n’arrivais pas à m’installer sur un marché qui soit suffisamment passant, celui qui me faisait rêver c’était Uzés mais il y avait déjà une fleuriste, et en plus c’est une amie. » Finalement, cette amie décide d’arrêter et offre sa place à Céline. C’est une chance inespérée , le marché d’Uzès devient une véritable bulle d’oxygène pour la jeune agricultrice, financièrement bien sûr, mais humainement aussi « Les commentaires des clients me font beaucoup de bien. Récemment un client m’a dit : « je n’aime pas les fleurs d’habitude mais j’aime vos fleurs ! »
Il faut dire que Céline a beaucoup de goût, ses fleurs sont autant un régal pour les yeux que pour le nez. Je dirais aussi que son enthousiasme est palpable et forcément les gens le sentent. Alors si vous voulez découvrir Céline et ses belles fleurs. Rendez-vous le mercredi matin sur la mythique place aux herbes à Uzès .

Émilie Nayral, place aux fromages mais pas au doute

C’est en plein confinement qu’Émilie Nayral a ouvert sa boutique « Place ô Fromages » au cœur de Rodez. C’est un endroit à son image, chaleureux et raffiné, où l’on peut acheter une large sélection de fromages d’ici et d’ailleurs. Si j’ai immédiatement apprécié la personnalité franche et dynamique d’Émilie, c’est en réalisant cette interview que j’ai compris que j’avais face à moi une battante, passionnée, volontaire et entière. Son histoire est un modèle de résilience et de détermination et cette rencontre m’a galvanisée.

Une vocation

La voie d’Émilie était toute tracée : « mon papa était commercial dans le foie gras, un produit noble de terroir. Depuis l’âge de six ans, je sais que travaillerai dans le commerce et dans la gastronomie. » À 19 ans, elle intègre la maison de Roquefort Gabriel Coulet : « j’ai choisi une entreprise familiale et indépendante, c’est aujourd’hui la 5e génération. Et difficile de faire plus noble que le roquefort, surnommé le roi des fromages ! » Arrivée comme simple commerciale, Émilie gravit les échelons et se retrouve très vite responsable des ventes France. Elle parcourt le pays, signe de gros contrats pour la marque, monte une équipe commerciale et… ne prend pas le temps de s’occuper d’elle. En pleine ascension professionnelle, elle tombe malade et enchaîne malaises, vertiges et pertes de connaissance « C’est après des otites à répétition que l’on me diagnostique la maladie de Ménière. Ma vie change alors complètement. Je ne peux plus me déplacer comme avant et je dois à regret quitter mon poste chez Gabriel Coulet où je suis restée quatorze ans et où je pensais faire ma carrière. » Même les lignes droites connaissent des accidents de parcours.

Projet fromager

Alitée pendant plusieurs mois, elle réfléchit à la suite. « Gabriel Coulet m’a proposé de conserver mon poste sans me déplacer, en passant uniquement des coups de fils. Mais, après quatorze ans à voyager en permanence, c’était inenvisageable pour moi de rester cloîtrer toute la journée ». Une idée germe dans sa tête. Une fois de plus, Émilie sait précisément ce qu’elle veut faire : « une crémerie avec des produits un peu haut de gamme, des fromages étrangers et une partie bar à formages où les gens puissent venir les goûter s0ur place avec un bon verre de vin ». Émilie réussit donc le tour de force d’ouvrir une fromagerie … sans changer de crèmerie !

Lors d’une formation avec la CCI, Émilie expose son projet auprès d’investisseurs qui se montrent dubitatifs sur le positionnement de sa crémerie. Peu importe, elle est convaincue que cela fonctionnera. Sa détermination parvient à désarçonner les potentiels investisseurs qui lui proposent finalement de l’aider mais elle choisit de se débrouiller seule avec ses deniers personnels ! Il ne reste plus qu’à trouver un local et celui dont rêve Émilie se libère justement place du bourg, à deux pas du marché de Rodez.

La sélection de Place ô Fromages est très large, vous trouverez des pérails locaux à tomber, des Saint Nectaire fermiers mais aussi des manchegos espagnols. Grâce à son carnet d’adresses fourni, la jeune femme avait déjà en tête ses principaux fournisseurs. « Je respecte la saisonnalité et 20 % de la sélection change très régulièrement. »

Et pour le vin ? Même si Émilie n’est pas formée, elle a un palais sûr et aime aussi valoriser le travail des petits vignerons. Lorsque je l’interroge sur un accord vin et fromage, c’est l’Arlezzo rouge du Mas Baudin avec un pérail de brebis qui a ses faveurs.

Amateur de bons fromages, avec Émilie Nayral, vous êtes entre de bonnes mains !

Gard à Elles, le soutien au féminin

De gauche à droite : Julie Fabre, Laure Le Cozler, Nathalie Teissonnier et Coline Godde.

Gard à Elles est un réseau professionnel féminin épatant. J’y ai rencontré Sophie Bouvrais qui, en plus de m’avoir vendu ma maison, est devenue une amie. Fanny et Marion Pascal, les précieuses comptables de Vins d’Avenir qui ont changé ma vie. Dorothée Devine qui est aujourd’hui ma notaire. Mirelle HDB qui écrit sous ce nom d’emprunt des livres dont je me régale. Ou encore Léa Chiari que je vous présentais dans un précédent billet. Autant dire que je suis archi convaincue du bien-fondé de cette association, contrairement à d’autres réseaux professionnels essayés auparavant qui m’avaient semblé artificiels. J’ai donc eu envie de comprendre comment fonctionne Gard à Elles et à quoi tient sa réussite.

La recette du succès

C’est lors d’une soirée d’hiver de novembre 2018, dans une cave à vins de Nîmes, que l’idée germe dans la tête de Nathalie Teissonnier, Julie Fabre, Laure Le Cozler et Coline Godde. Voici la première clé du succès : le cercle à l’origine de ce réseau professionnel est… amical. Et les différences des quatre amies semblent les unir : il y a vingt ans d’écart entre la plus jeune et la plus âgée et elles n’évoluent pas dans les mêmes milieux professionnels. Leur rencontre est due au hasard : toutes travaillaient rue saint Antoine à Nîmes. C’est précisément cette amitié et cette diversité qui fait qu’on se sent bien aux rencontres Gard à Elles. « Nous sommes vraiment complémentaires » m’explique Nathalie, la Présidente. « Coline, la plus jeune, apporte un grain de folie, Laure nous cadre, moi j’apporte des idées et Julie les met en musique ».

Les amies programment une première réunion en mars 2019. Entre-temps, elles travaillent d’arrache-pied, créent des statuts, un logo, et mettent en place l’essence de ce qui fera leur credo : les 5 A pour accompagner, apporter, acquérir, animer et aider. « Nous espérions quinze femmes pour la première mais quarante se sont présentées et vingt étaient sur liste d’attente. Il a fallu trouver des lieux plus grands ! Aujourd’hui, nous sommes près de deux cents adhérentes. Nous voulions un réseau décomplexé ouvert à toutes les femmes, pas uniquement les cheffes d’entreprises », précise Julie, aujourd’hui salariée à temps plein du réseau. Le brassage est en effet très large est à Gard à Elles : on peut y croiser une artiste, une auteure, une fleuriste, une sage-femme, une avocate ou encore une sophrologue. C’est rafraîchissant et inspirant et, finalement, le motif principal d’adhésion n’est pas de faire du business mais plutôt de rencontrer de nouvelles têtes, des femmes qui ont en commun d’avoir une vie professionnelle enrichissante. « Le réseau a fonctionné aussi parce qu’il répondait à un réel besoin des femmes actives d’échanger entre elles » confirme Nathalie.

Malgré l’énorme succès de leur projet, les fondatrices sont restées chaleureuses et accessibles. Elles ne se mettent jamais en avant et elles ont toujours un mot gentil pour chacune. Elles semblent avoir créé un cercle vertueux : elles donnent beaucoup mais reçoivent aussi énormément.

Et quoi de mieux pour partager un moment convivial que de faire bonne chère ? Gourmandes, épicuriennes, les soirées qu’elles organisent sont aussi l’occasion de bien boire et de bien manger et j’ai régulièrement la chance d’y proposer la sélection Vins d’Avenir. Mais derrière cette bonne humeur affichée, les quatre amies travaillent dur. Le réseau est indépendant financièrement, financé uniquement par les adhésions et les sponsors (qui sont souvent des adhérentes), sans subventions. Nathalie et Julie mettent un point d’honneur à connaître chaque nouvelle adhérente. Elles se creusent la tête pour offrir des contenus et n’hésitent pas à se remettre en cause si une formation n’a pas le résultat escompté.

Aujourd’hui le réseau a beaucoup évolué et, quand je les interroge sur leurs projets, les réponses fusent : « Nous nous adaptons sans cesse à la demande. Pendant le confinement nous avons beaucoup travaillé à digitaliser notre offre. Nous sommes en train de réfléchir à des rencontres à d’autres moments (petit-déjeuner, déjeuner, afterwork) et sur de plus petits formats. »

4 questions aux 4 fondatrices

Que vous a apporté le réseau ?

Nathalie Tessonnier : Beaucoup de rencontres. Je peux mettre en pratique pleins d’idées et je me mets en danger à chaque fois quand je prends la parole.

Laure Le Cozler : Cela m’a dynamisé, me sort de mon quotidien professionnel. C’est très enrichissant de découvrir d’autres dynamiques professionnelles.

Julie Fabre : Beaucoup. Quand nous avons créé Gard à Elles, j’étais à un carrefour de ma vie. Le réseau et le poste qui en découlent m’ont offert un cadre et des responsabilités. C’est très gratifiant de mettre en place des actions et de voir qu’elles fonctionnent.

Coline Godde : Des rencontres professionnelles et personnelles riches, des nouvelles amitiés, du bonheur en gros !

Un mot pour définir le réseau ?

Nathalie : Rencontres et sourires !

Laure : Dynamique !

Julie : Partage.

Coline : Engagement.

Plutôt vin, bière ou cocktails ?

Nathalie : Plutôt du vin ! J’aime les blancs secs et fruités. Je me mets à la bière. L’idée était de moins boire mais ce n’est pas très efficace.

Julie : Plutôt vin mais mes goût ont évolué avec le temps. J’aime les vins fruités et fleuris. J’apprécie aussi beaucoup les cocktails. J’ai travaillé dans un bar et j’ai appris les subtilités de la mixologie.

Laure : Je bois peu mais, si je bois, c’est plutôt du vin blanc. Je les aime singuliers avec de la personnalité et de l’acidité.

Coline : Plutôt du vin. Un bon vin rouge bien rond (avec une bonne viande saignante)

Votre plat signature ?

Laure : J’ai des origines italiennes et j’habite Uzès donc je dirai les lasagnes à la truffe.

Julie : Le risotto.

Coline : Je pâtisse plutôt. Je dirais une belle tarte au citron meringuée.

Nadine Narboux, une Bretonne dans les vignes

Nadine Narboux est une amie. Nous nous sommes rencontrées alors que je travaillais au Château de Montfrin. Je me rappelle avoir été épatée par le mélange de grande douceur et d’immense détermination qui émane d’elle. Elle et moi, nous exerçons le même métier. Nadine a commencé en 2008 et elle est aujourd’hui à la tête d’une belle structure, VinoSpirit, à Saint-Malo. Non contente de vendre du vin, Nadine met la main à la pâte : elle a créé deux cuvées en collaboration avec le domaine Monplézy, dans le Languedoc. Autant vous dire qu’elle est pour moi un modèle. Elle m’a beaucoup encouragée, conseillée et parfois même consolée. Car si à mes yeux VinoSpirit est un modèle de réussite, Nadine a eu elle aussi son lot de difficultés qui n’ont en rien entaché son enthousiasme et sa passion du métier. C’est aussi pour cela que je l’admire.

Comment en es-tu venu à travailler dans le vin ?

Avant d’officier dans le vin, j’étais dans la recherche pharmaceutique. Mais j’ai très vite compris que je n’allais pas travailler à soigner les gens et à créer des médicaments mais plutôt à enrichir des laboratoires. Donc quand j’ai eu l’opportunité en 2007 de suivre pendant un an une formation de caviste-commercial, j’ai saisi cette chance. C’était une formation très riche qui m’a permis d’avoir un panorama assez complet des cépages et des appellations en France. J’ai enrichi mes connaissances par la suite en allant dans les domaines. VinoSpirit, c’est l’aboutissement de douze ans dans le monde du vin. C’est le fruit de ma seconde vie.

Comment se fait la sélection Vinospirit ?

Je recherche des vins de vignerons, des cuvées identitaires qui laissent une émotion et racontent une histoire, avec toujours de bons rapports qualité/prix. Il y a beaucoup de domaines peu connus au départ car, lorsque j’ai commencé, j’ai dû aller les chercher. Maintenant je dois les sélectionner pour garder une cohérence et éviter les doublons. Je travaille beaucoup au feeling et je souhaite mettre l’humain au cœur de mon travail.

Tu as beaucoup de vins du Languedoc dans ta sélection. Pourquoi ce choix ?

Quand j’ai démarré, le Languedoc n’avait pas la place et l’image qu’il a aujourd’hui. Le Languedoc m’a permis de faire découvrir à des cavistes des vins qui rentraient dans des niches. C’est une région avec une mosaïque de terroirs et de styles qui correspondent à mes goûts personnels. Aujourd’hui je dois me freiner car ma gamme n’est pas extensible à l’infini mais j’ai encore régulièrement des coups de cœurs pour des vins languedociens.

Tu as eu envie de créer tes propres cuvées. Pourquoi ?

Dans un coin de ma tête, j’ai toujours l’idée d’avoir des vignes et de faire mon vin. J’ai beaucoup échangé à ce sujet avec Benoit Gil du domaine Monplézy. Il m’a proposé de créer deux cuvées autour d’un cépage que j’adore : le Grenache. Nous avons donc créé et assemblé ensemble Les Grenaches, en blanc et en rouge. La première est un assemblage de Grenache blanc et Grenache gris et la second 100% Grenache noir. C’est aussi l’aboutissement d’une belle relation d’amitié avec la famille, avec qui je travaille depuis l’origine. Cela ne pouvait se faire qu’avec eux.

Qu’est-ce que tu trouves difficile dans ton métier ?

La pluralité des tâches et la difficulté d’avoir toujours des nouveautés à proposer tout en gardant un stock raisonnable.

Une bouteille pour un apéritif entre ami.e.s ?

Les Grenaches rouges. C’est gourmand, plein de fruits et facile d’accès.

Pour un dîner en amoureux ?

La cuvée Kaïros, réalisée à quatre mains par Emmanuel Roblin et Fred Niger du domaine de l’Écu. C’est un 100% Gamay décoiffant, concentré et improbable : on dirait un Grenache !

Avec du fromage ?

Avec une pâte persillée, je dirai la cuvée Les Adrés du Domaine du Trapadis à Rasteau. Avec un fromage de chèvre, je partirai sur la cuvée Mélodie de Nicolas Paget en Touraine, un 100% Chenin avec beaucoup d’élégance et de complexité aromatique.

Au CinSo, tradition dans l’assiette et équilibre dans le verre

Sophie Droval a eu mille vies. Après un CAP coiffure, elle a longtemps traîné ses guêtres dans le monde de la restauration mais aussi du spectacle. Pas étonnant : pour Sophie, l’art et l’artisanat sont inextricablement liés et elle multipliera les parallèles poétiques entre la cuisine, le vin et l’art tout au long de notre conversation. Cette autodidacte inspirée et passionnante a ouvert cet été le CinSo en plein cœur de l’îlot lettré à Nîmes. À contre-courant de ce qui se pratique actuellement, Sophie y déploie une cuisine « traditionnelle d’antan » où se côtoient ris de veau, oreilles de cochon et œufs en meurette. Sur la carte des vins, des quilles bios, natures et vivantes.

Sophie s’est retrouvée en cuisine par la force des choses mais cette passionnée de pinard en connaît un rayon sur le vin. Son principal critère ? L’é-qui-li-bre. Celles et ceux qui ont lu l’édito du mois dernier savent à quel point cette réponse fait écho à tout ce que je défends depuis trois ans avec Vins d’Avenir.

C’est en pleine préparation des ris de veau que Sophie a accepté de répondre à mes questions avec beaucoup de gentillesse et de franchise.

Quel est ton parcours Sophie ?

Je suis arrivée dans l’hôtellerie restauration un peu par hasard, par des petits boulots. J’ai intégré des établissements de luxe et je suis allée améliorer mon anglais en Écosse. J’ai également travaillé à La Zygothèque à Paris auprès de Jean-Michel Noël où j’ai énormément appris sur les spiritueux puisque j’avais à portée de main cinq cents références de whiskies et deux cents de vins.

Pourquoi un concept de cuisine traditionnelle ?

Pour remettre la cuisine traditionnelle au goût du jour car avec les « Uber eats » ce sont nos traditions qui s’envolent. Il y a beaucoup de moi-même dans ce restaurant. C’est ma première affaire et je souhaite rééduquer les gens aux bonnes choses.

Pourquoi Nîmes ?

Grâce aux hasards de la vie. J’ai voyagé dans le monde entier et je devais m’engager sur un bateau pour devenir matelot. Le Covid est arrivé et j’ai dû repenser mes projets. Je suis venue voir des amis à Nîmes et le lendemain je visitais un restaurant pour acheter.

Quels vins ont ta préférence ?

Franchement, tous les vins, à condition qu’ils soient équilibrés peuvent me plaire. C’est comme les gens ! Il y a juste un cépage qui ne parle pas, qui ne me raconte rien quand je déguste, c’est le Merlot.

Quels vignerons t’ont marquée ?

Henri Milan du domaine Milan (Provence) et Marc Barrio du Clos de l’Origine (Languedoc). Humainement ce sont des personnes exceptionnelles qui ont toujours été là pour moi.

Quelles ont été les difficultés à l’ouverture de ton restaurant ?

Les travaux ont été très longs. Je pensais passer un coup de peinture et finalement il a fallu tout refaire. Rien n’était aux normes. Et puis, au milieu de l’été, le chef que j’avais engagé a claqué la porte. J’ai dû reprendre la cuisine au pied levé. Heureusement j’avais déjà un petit peu officié en cuisine. C’était difficile mais c’est comme ça que tu apprends.

Qu’est-ce qui t’enthousiasme dans ton restaurant ?

Contrairement aux idées reçues, beaucoup de femmes se régalent avec des abats. Je dois dire que ça me fait plaisir.

Quels sont tes projets ?

À court terme, pérenniser mon activité, trouver un rythme serein. À long terme, je rêve d’ouvrir un cabaret style année 1930 avec la cuisine qui va avec.

Au regard de l’engagement et de l’implication de Sophie, je n’ai pas d’inquiétude sur les succès à venir du CinSo.

29 Rue du Grand Couvent, 30000 Nîmes

Vins et gourmandises avec les pâtisseries de Léa Chiari

@ France Bleu Gard

En mars dernier, je vous racontais le parcours de Léa Chiari, talentueuse cheffe pâtissière qui vient d’ouvrir sa boutique à Nîmes. Succès fou et mérité pour cette enseigne gourmande et chic qui est dévalisée tous les jours deux heures seulement après l’ouverture ! Léa a fait des « fingers », petits desserts allongés en forme d’éclairs, sa marque de fabrique.Toujours aussi enjouée et dynamique, elle a eu la gentillesse de m’inviter dans une émission de radio pour échanger sur les accords vins et desserts, mariage délicat qui nécessite de respecter le dosage en sucre et en acidité, les saveurs et les textures. Comme toujours une question d’harmonie et d’équilibre…

Pour un dessert sucré aux fruits, je vous propose un vin muté. Les vins mutés sont des vins où les raisins sont récoltés à pleine maturité et où la fermentation est interrompue avant que tous les sucres ne disparaissent sous l’action des levures. Ce sont donc des vins où il reste du sucre. Les notes exotiques de passion et de litchi et la matière dense du Muscat Beaume de Venise du Château Juvenal (100% Muscat Petits Grains) accompagneront à merveille ces desserts sans les dénaturer. Le Paco de Léa Chiari, un biscuit coco et un insert passion mangue mousse coco, serait le compagnon idéal pour ce type de vins. Pour un accord avec plus d’acidité, on peut également proposer un Chenin de Loire avec un peu de sucres résiduels comme la cuvée Dis moi oui du Fief Noir.

Pour ce qui est du chocolat, les vins mutés fonctionnent très bien aussi mais l’idéal serait plutôt un rouge qui accompagnerait non seulement le sucre mais aussi les arômes comme les maurys ou les portos. Avec du chocolat, il faut surtout faire attention à la teneur en tannins. Certains vins rouges non mutés mais complexes aromatiquement et avec beaucoup de finesse peuvent être des accords magiques. Léa Chiari propose le Marius, un brownie pécan, caramel beurre salé, mousse de chocolat au lait. Un Pinot noir de Bourgogne ou d’Alsace pourrait être un accord surprenant mais gagnant. Je pense au Grand cru Strangenberg du domaine Rieflé qui, d’après Paul Rieflé, est magique avec du chocolat ou encore un vin plus riche comme la cuvée Gabrielle 100% Grenache du domaine Monplézy.

Enfin, dans les desserts de Léa, les agrumes et plus particulièrement le citron sont souvent cités. J’adore ces desserts et je trouve que l’on peu faire des accords particulièrement réussis. Avec le Finger Simon sablé citron moelleux amande, crème citron meringue, on peut se permettre un champagne. D’habitude je suis contre les champagnes en dessert exceptés certains champagnes rosés (acidité versus sucre ne fonctionne pas très bien) mais je trouve qu’avec le citron on peut faire des accords enchanteurs. Un champagne blanc de blanc comme la cuvée Fleur de craie du Domaine Barrat Masson apportera des notes florales d’aubépine et d’amandes qui seront parfaitement cohérentes avec la pâte et la fraîcheur des notes d’agrumes répondra au citron. Pour un accord encore plus rock’n roll, on peut aussi proposer un vin orange. Les vins oranges sont des vins blancs auquel on a fait subir une macération des peaux du raisin pour apporter textures, saveurs et arômes aux vins. Ce sont des vins souvent singuliers aux notes d’agrumes et d’épices douces qui peuvent apporter beaucoup de peps aux desserts.

Si cet article a réveillé vos papilles, foncez à la boutique de Léa, vous y trouverez même les vins à boire avec.

Léa Chiari Pâtisserie  15b avenue Franklin Roosevelt 30900 Nîmes

La cheffe pâtissière Léa Chiari ou faire de sa passion son métier

© Réjane Bédos

J’ai fait la connaissance de Léa Chiari grâce au formidable réseau « Gard à elles » et j’ai vraiment été charmée par sa bonne humeur et son enthousiasme qui se sont révélés communicatifs. Sa passion pour son métier fait chaud au cœur.

C’est avec un grand sourire aux lèvres et des étoiles dans les yeux qu’elle me raconte son histoire. Cette trentenaire a la tête bien faite est en poste dans le milieu bancaire depuis plusieurs années. Elle pratique la pâtisserie en amatrice sur son temps libre. Elle décide un jour de franchir le pas et s’inscrit à un CAP de pâtisserie à l’école Ducasse.

Direction le Puy en Velay. Pendant huit mois Léa ne verra ses enfants et son mari qu’un week-end sur deux. Lorsque je l’interroge pour savoir si ce fut difficile, Léa ne se départit pas de son sourire : « Oui, c’était difficile, mais cela reste l’expérience professionnelle la plus forte de ma vie, j’ai énormément appris là-bas. »

La famille souhaite s’installer à l’étranger. Tout est prêt mais la Covid arrive. « J’ai dû repenser mon projet et j’ai finalement décidé de m’implanter à Nîmes, ma ville, celle où j’ai tout mon réseau. Peut-être qu’en fait, pour commencer, c’est mieux comme ça. » Positive et philosophe, Léa Chiari !

© Instagram @leachiari.patisserie

Léa commence alors à proposer des pâtisseries sur commande. Elle réalise l’impact des réseaux sociaux et décide de les utiliser. Elle participe notamment à un concours de pâtisserie lancé sur Instagram par Cédric Grolet autour de la fraise. Elle confectionne alors une carte du monde entièrement réalisée avec de petits morceaux de fraise et remporte le concours. « À ce moment-là j’ai senti un réel engouement, les réseaux sociaux sont un formidable accélérateur. »

Le talent de Léa devient viral et ces entremets sont tellement plébiscités que la cheffe pâtissière a un carnet de commandes rempli jusqu’au mois de mai. Allez jeter un œil à sa page Insta, vous y verrez des desserts soignés, précis et sophistiqués qui mettent en appétit.

Lorsque je l’interroge sur son produit préféré, elle me répond : « Le chocolat, j’ai appris à l’aimer, la matière, les saveurs et les arômes. On peut en faire des choses extraordinaires. Et côté fruits ? « J’adore la framboise. Malheureusement, la saison est courte. »

Des projets, Léa n’en manque pas. Une boutique ouvrira à Nîmes mi-juin. Là encore, Léa a pensé à tout : « Je voudrais ouvrir une pâtisserie haut de gamme avec un petit rayon épicerie fine. Je cherchais un endroit dans Nîmes où l’on puisse se garer facilement. A priori c’est chose faite. Je souhaite faire des classiques revisités mais aussi des créations. Il y aura aussi quelques viennoiseries. » Et devinez ce que l’on trouvera dans son rayon épicerie fine pour accompagner les gâteaux et les grandes occasions ? Du vin bien sûr !

Ramène ta Fraiz (et ton fromage)

Après une carrière d’acheteuse dans l’automobile en Isère, poussée par un fort désir d’indépendance, Céline Bros décide de retrouver son Sud natal et de créer son entreprise.

Sensibilisé au goût des bonnes choses depuis une enfance passée à la campagne, elle fait le constat que, mère de famille, elle se retrouve souvent tiraillée entre l’envie de manger sainement et la facilité des drives de la grande distribution. Elle tient là le concept de Ramène ta Faiz : un drive de produits de qualité issus des circuits court ! La plateforme en ligne réunit des producteurs engagés, « pas forcément du bio ou du local mais, souvent, cela va de pair » reconnaît la fondatrice.

Depuis, Céline court la France à la recherche de producteurs triés sur le volet, choisis pour leurs bonnes pratiques mais aussi et surtout le goût de leurs productions. C’est avec passion qu’elle me parle des huitres de Camargue ou des poulets élevés en plein air dans les Costières de Nîmes. Mais aujourd’hui notre discussion porte sur les fromages et des différents accords possible avec le vin.

Quels sont les critères selon toi pour un bon fromage ?

Je privilégie évidemment les fromages au lait cru et, lorsque c’est possible, les fromages fermiers, c’est-à-dire issus du lait d’un seul troupeau. Ce n’est pas toujours le cas car il faut 850 litres de lait pour réaliser une meule. Je fais alors appel à de toutes petites coopératives laitières comme c’est le cas de mon Beaufort ou de mon Comté.

Le deuxième critère indispensable, c’est le goût. Je cherche des fromages affinés avec des saveurs prononcées, des fromages de dégustation.

Quel est ton fromage préféré ?

Le fromage de tous les jours, c’est le Comté. Celui des jours de fêtes, c’est le Beaufort. Fabriqué dans les hautes montagnes de Savoie, il s’agit d’un fromage à pâte pressée cuite, au lait cru et entier qui provient de deux races bovines, les Tarines et les Abondances. Le goût du Beaufort change avec les saisons et l’alimentation des vaches. Le Beaufort fabriqué de novembre à mai, lorsque les vaches sont en vallée et nourries essentiellement de foin, est très doux. Durant la période estivale, lorsque les bêtes peuplent les alpages et mangent de l’herbe pâturée, son goût est plus fruité et plus prononcé.

J’aime beaucoup aussi le Reblochon qui est le fromage de la Savoie par excellence. Idéal en tartiflette, il se déguste également cru, simple question de goût. Celui vendu par Ramène ta Faiz est au lait cru et fermier.

Accord vin et Comté

Tout dépend l’affinage du Comté mais il faut un vin qui offre du volume en bouche. On peut naturellement proposer un accord de région avec un vin du Jura.

Un Comté affiné requiert un blanc avec de la texture et une belle persistance en bouche. Je pense aux Châteauneuf blancs et tout particulièrement la cuvée Le Traversier du Château Simian.

Accords vin et Beaufort

Fromage fruité et fin, il se marie bien avec un vin de Savoir bien sûr mais on peut tenter un accord plus original comme un Languedoc blancaromatique et ample, par exemple la cuvée Alvéoline du domaine Rouanet Moncélèbre.

Accords vin et Reblochon

Le Reblochon peut supporter un vin rouge mais, attention, peu tannique ! La cuvée Souvenirs à base de Gamay de Sylvain Badel pourrait se marier à merveille avec ce fromage ou encore la cuvée Irréductible rouge du Clos Roussely à base de Pineau d’Aunis.

Quel est le plateau de fromage idéal selon toi ?

C’est un plateau varié, où l’on retrouve des fromages avec des laits, des régions et des textures différents. Idéalement, il y a une progression dans la dégustation. Il faut commencer par des fromages crémeux, du Saint Marcelin ou du Saint Félicien par exemple. Ensuite une tomme de chèvre affinée ou pas, un brie de Meaux, éventuellement truffé mais seulement si c’est bien fait. Il faut aussi des pâtes cuites ou des pâtes pressées comme du Beaufort et du Comté et une pâte persillée, un bleu de Gex ou un Roquefort. L’avantage du Bleu de Gex c’est qu’il est parfumé mais ne pique pas.

Accord vin et Brie de Meaux

Avec un brie de Meaux, un champagne ou à défaut une méthode traditionnelle peut être un accord redoutable. La bulle permet de « dégraisser » la bouche et évite au palais de fatiguer tandis que les notes de levure du champagne accompagnent le brie avec beaucoup d’élégance. La cuvée Brut formula du domaine Rieflé pourrait sans doute soutenir un tel fromage.

Accord vin et bleu de Gex

Les accords les plus réussis avec les bleus sont sans conteste les vins liquoreux ou du moins les vins contenant de la sucrosité. Oscillant entre douceur et salinité, il faut des vins doucereux pour répondre à ces fromages.En outre, il existe un parallèle entre les moisissures de ces fromages obtenues grâce à l’humidité des caves et la pourriture dite « noble » qui se développe sur les raisins.

Avec un bleu de Gex, je suggère un Coteaux-du-Layon comme par exemple La cuvée Nouvelle confidence du Fief Noir.

Julia Marti, couper le mal à la racine (et ajouter des fleurs)

Le catalogue de Vins d’Avenir compte peu de spiritueux. Pourtant, même si je reste avant tout une amatrice de vins, je ne boude pas mon plaisir à la dégustation d’un bon whisky ou d’un joli cocktail. Mais la distribution des spiritueux est aujourd’hui complètement trustée par des grands groupes comme Pernod Ricard ou LVMH et l’incontournable Maison du Whisky, des interlocuteurs qui correspondent peu à la démarche Vins d’Avenir, où chaque nouvelle entrée est conditionnée à une rencontre humaine. J’avais donc presque renoncé à explorer cette piste.

C’était sans compter sur la gentillesse et le flair de David Garzino, propriétaire et gérant de la très chouette Cave conviviale à Vauvert.Il me conseilla de faire la connaissance de Julia Marti, une productrice de gin. « Vous allez bien vous entendre » affirma-t-il. Une femme dans le Gard qui produit seule des spiritueux ? Il n’en fallait pas plus pour aiguiser ma curiosité. Avec mes élèves, je suis allée la rencontrer et nous n’avons pas été déçus du voyage.


Julia nous a accueilli avec une grande générosité et elle a démarré la visite avec une distillation rien que pour nous.

Cette ancienne chimiste dans l’industrie pharmaceutique a changé radicalement de vie en 2016. Lassée de vendre du paracétamol, elle décide de produire des alcools sains et bons qui permettent de s’en passer un lendemain de soirée trop arrosée ! Pleine d’idées et de courage, Julia a lancé officiellement Cœur de cuivre il y a deux ans. Avec deux alambics traditionnels, de 1901 et 1906, elle distille essentiellement des vins et des bières. Autodidacte, elle mène ses distillations au nez en « contrôlant les chauffes à l’olfactif ». Joignant le geste à la parole, elle nous fait sentir l’odeur entêtante de dissolvant des premiers alcools à base de méthanol, « les têtes », qui sortent de l’alambic. Elle nous explique aussi qu’elle a créé « un réseau avec des vignerons bios voire nature car les arômes qui résultent de la distillation de leurs vins sont plus purs et abiment moins mon alambic. »

Place ensuite à la dégustation. Les étiquettes des bouteilles, modernes et graphiques, dépoussièrent l’image de la gnôle de grand-père. Julia nous les présente une à une avec fougue, passion et beaucoup de pédagogie. Il y en a pour tout le monde : des produits originaux à base de distillat de coquelicot aux indémodables « retwistés » comme le pastis ou le vermouth, en passant par des spiritueux dans l’air du temps comme le spritz. Mention spéciale pour le ChanGin’. Cette eau-de-vie bio « façon gin » est obtenue par une double distillation de vin de Saint Guilhem le désert, une IGP du Languedoc. Délicatement redistillée avec des baies de genièvre, des poivres, des baies roses et du gingembre, sa couleur bleue provient uniquement d’une macération de fleurs bleues, sans aucun additif ou conservateur. Ajoutez du tonic et sa couleur passe au rose !

Julia est membre du collectif Gouttes à Goûts, qui réunit l’Atelier du Bouilleur et la Distillerie Baptiste qui proposent de belles eaux-de-vie, des rhums élégants et bientôt un whisky. Tous sont signataires du « Manifeste de la Gnôle naturelle » qui définit ce qu’est une eau-de-vie naturelle : la recherche de la plus pure expression du fruit, de la plante, du légume ou du grain, du terroir et de la personnalité du distillateur ou de la distillatrice.

J’espère pouvoir vous faire déguster très vite ces belles trouvailles.

Célia Bédos, les pieds sur terre, la tête dans les étoiles

Cela peut paraître fou mais lorsque j’ai rencontré Célia Bessonard il y a maintenant plus de dix ans, j’ai eu comme un flash. « Cette fille est LA fille parfaite pour mon frère » me suis-je dit. Elle a probablement dû me prendre pour une folle à l’époque, mais, aujourd’hui, ils sont mariés et parents d’une adorable petite fille. Alors, c’est qui la folle ?

Bon, tout ça pour vous dire que cela fait plus de dix ans que la trajectoire de Célia et la mienne se croisent et s’entremêlent. C’était une amie, elle est devenue ma belle-sœur et elle compte aujourd’hui parmi les partenaires de Vins d’Avenir qu’elle n’oublie jamais de solliciter lorsqu’elle construit un projet. Car en juin 2019, Célia, forte d’une expérience de douze ans comme salariée dans le monde du spectacle, a créé Décalez-vous !, dont l’objet est— je la cite— d’ « organiser, d’accompagner et de proposer la création de concepts décalés » en Aveyron, d’offrir aux professionnels et aux particuliers une « vision atypique » de l’évènementiel.

Ce que Célia ne dit pas, c’est qu’elle possède une zénitude, une positivité et une bienveillance aussi rares qu’indispensables dans son travail et bien utiles dans notre famille de Méditerranéen-ne-s…

Femme sensible et engagée, Célia donne à tous les projets qu’elle défend une couleur éthique et humaine. « Je choisis mes partenaires d’abord parce que ce sont des passionné-e-s, qu’ils ou elles prônent une démarche écoresponsable. Ensuite je mets particulièrement l’accent sur la transparence et, enfin, il y a forcément une dose de feeling pour valider mes choix. »

Et même si Décalez-vous !, comme tout le secteur culturel et évènementiel, a été lourdement impacté par la Covid-19, Célia a plein de projets. « Le secteur de l’évènementiel vit depuis mars dernier dans un flou rythmé par les annonces et les autorisations de rassemblement. L’adaptation est le maître mot mais l’ensemble de mes évènements de l’année 2020 ont été annulés ou, dans le meilleur des cas, reportés. Il faut s’adapter plus que jamais. Pour la rentrée je prépare des diners ludiques, des projets avec la restauration et bien sûr des mariages car la plupart ont été repoussés. »

Fine bouche, Célia ne boude pas son plaisir devant une bonne bière. « Je me réjouis de ces brasseurs locaux qui se développent depuis plusieurs années, il y a de belles découvertes à faire. » Et, côté vins, Célia penche plutôt pour les rouges. « J’aime les vins qui ont de l’intensité et qui sont aromatiques. Les bourgognes et les côtes du Rhône ont toujours été dans mes favoris. Dans le catalogue Vins d’Avenir j’ai un faible pour L’Affable du domaine Wilfried et la cuvée Cardinale de Sylvain Badel. »

Ami-e-s aveyronnais-e-s, n’hésitez plus !