Cépage méridional initialement planté en Provence, le Cinsault est très adapté aux sols secs et arides de la Méditerranée où il est planté sur tout le pourtour. Il est aujourd’hui très utilisé dans la Vallée du Rhône et le Languedoc. Au domaine Monplézy où il représente neuf hectares de l’encépagement, il est utilisé en monocépage dans la cuvée Canon Huppé. Le vigneron Christian Gil m’explique : “cépage très résistant à la sécheresse et peu sensible aux maladies, il est très productif. Quand j’étais jeune, en plaine, il pouvait produire jusqu’à 250 hectolitres par hectare (à titre de comparaison, les rendements autorisés en Côtes du Rhône sont de 54 hL/ha).
Des rouges glouglou
Beaucoup employé pour les rosés, je le préfère en rouge car il permet de produire des vins souples et légers aux notes de framboise et de fruits frais, parfois même légèrement florales. Au domaine Rouanet Montcélèbre, Audrey Rouanet vinifie le Cinsault dans la cuvée Se Canta. “Au départ j’utilisais le Cinsault pour faire du rosé. Mais le marché exige des rosés très clairs et si le Cinsault n’est pas suffisamment extrait il donne des vins peu intéressants gustativement. Il est bien plus intéressant en rouge” affirme la vigneronne. Cépage très réducteur, peu sensible à l’oxydation, il est de plus particulièrement adapté à la production de vins nature, sans soufre ajouté.
À l’heure où les degrés des vins du Sud grimpent, le Cinsault est un allié précieux des vignerons méditerranéens. Mathieu Rabin du Château Juvenal dans le Ventoux confirme : “nous avons planté du Cinsault pas vraiment pour ses qualité organoleptiques mais plutôt parce qu’il nous permet d’abaisser le degré d’alcool de nos vins. C’est un encépagement minoritaire au domaine où nous avons beaucoup de Grenache et de Syrah”.
Malgré ses nombreux atouts, le Cinsault a aussi des défauts. “Sa qualité peut être très inégale en fonction des années. Il est parfois aqueux” m’explique Audrey. “Le Cinsault a une peau très fine, ce qui le rend très sensible aux gros orages ou à la grêle” complète Christian du domaine Monplézy. S’il est très adapté pour les vins faciles, il ne l’est en revanche pas du tout pour produire des vins de garde. D’ailleurs les vignes aussi fatiguent en général au bout d’une quarantaine d’années.”
La variété a donc de beaux jours devant elle à l’heure où la demande pour les vins faciles à boire et plus légers ne cesse d’augmenter.