Sans les conseils d’un ou d’une caviste, vous êtes nombreux à être démuni.e.s quand il s’agit de choisir une bouteille de vin. L’étiquette contient pourtant elle-même beaucoup d’informations. Voici quelques conseils simples pour décrypter les étiquettes de vin.
Qui est derrière la bouteille ?
J’aime d’abord savoir qui élabore le vin : est-ce un domaine ? une cave coopérative ? un négociant ? Ce n’est ni le même travail, ni le même engagement et ni la même traçabilité.
Le logo « Vignerons indépendants » vous offre la garantie que le vigneron a récolté et vinifié les raisins et qu’il a mis sa production en bouteille dans sa cave. Mais tous les producteurs français n’adhèrent pas au syndicat.
Je regarde également la dénomination de la société. Sur la contre-étiquette de la cuvée Bel Canto, « SCEA », acronyme de société civile d’exploitation agricole, signifie qu’il s’agit d’un vigneron indépendant, en l’occurrence Christian Chabirand du Prieuré La Chaume, alors que derrière les lettres SAS ou SARL se trouvent des sociétés commerciales, le plus souvent des négociants.
Pour les vins en appellation d’origine protégée (AOP) et indication géographique protégée (IGP), le nom de l’embouteilleur peut être remplacé par des termes spécifiques, par exemple « mis en bouteille au château / domaine / à la propriété » ou encore « mis en bouteille dans la région de production ».
Jusqu’à présent, mais plus pour longtemps, la capsule donne aussi cette indication. R signifie récoltant : le vin provient d’un vigneron indépendant qui a produit son raisin et le vinifie lui-même. N signifie que le raisin provient d’un négociant, un vigneron qui a acheté le raisin et qui ensuite le vinifie.
Qu’est-ce que ça change ?
Il y a des négociants talentueux qui produisent des vins bien meilleurs que certains vignerons. Il n’y a ici pas de jugement de valeurs, simplement deux faits simples à garder en tête.
La traçabilité est tout d’abord beaucoup plus fine lorsqu’il s’agit d’un récoltant. La rémunération qui revient au producteur n’est ensuite pas la même. Concrètement, un vigneron gagne bien mieux sa vie en produisant ses propres cuvées qu’en vendant à des négociants ou à des caves coopératives. Généralement les vins de négociants sont beaucoup moins chers car ils n’ont pas les mêmes coûts et entretiennent, selon moi, une idée artificielle du vrai prix du vin.
Parfois vous avez également des vignerons négociants, c’est-à-dire des vignerons qui ont leurs propres vignes mais qui achètent aussi du raisin ailleurs. C’est un entre-deux rassurant mais difficile à repérer sans les conseils d’un professionnel.
Ça vient d’où ?
Passons à l’origine géographique, toujours indiquée sur l’étiquette. Les mentions AOP, IGP et Vin de France correspondent à des cahiers des charges plus ou moins strictes, notamment sur les rendements autorisés. Au sommet de la pyramide : l’AOP (on disait avant AOC) avec souvent une hiérarchie interne qui distingue des villages et des crus, comme par exemple les Côtes du Rhône puis Côtes du Rhône villages et tout en haut les crus comme Gigondas.
Ces mentions garantissent la provenance des raisins. Si elles ont longtemps été un gage de qualité, c’est de moins en moins le cas. De nombreuses AOC n’ont pas su s’adapter en temps et en heure à la réalité du marché du vin. De nombreux vignerons produisent donc des vins magnifiques en Vin de France ou IGP, simplement pour être libérés du carcan de l’AOC qui définit les cépages, la couleur du vin, etc. Mais si un Vin de France sélectionné par un caviste peut être extraordinaire, dans un magasin bio ou en grande surface, je vous recommande de vous tourner vers des AOP.
Les autres infos obligatoires
Le degré alcoolique doit figurer sur l’étiquette. Sachez que les vignerons ont toujours un demi degré de tolérance. Cela signifie que sur une étiquette où il est écrit 13,5°, il y a de fortes chances que le vin soit en réalité à 14°.
Le numéro de lot est également obligatoire sur les bouteilles. Souvent, mais pas toujours, il permet de savoir quelle année le vin a été embouteillé.
Les allergènes, le logo de la femme enceinte et le volume sont les dernières informations obligatoires.
Ça a quel âge ?
Notez donc que le millésime, pourtant si important dans le vin, différent d’une année sur l’autre, n’est pas une information obligatoire. Il est toutefois très souvent indiqué. Pour faire valoir un millésime, le producteur doit avoir récolté au moins 85 % des raisins l’année indiquée sur la bouteille.
Même chose pour le cépage : au minimum 85 % des raisins correspondent à la variété indiquée si elle est seule (et 100 % des raisins si au moins deux cépages sont mentionnés sur l’étiquette).
La notion de terroir en France est donc plus importante que celle de cépage. C’est une lecture plus complexe pour le consommateur mais qui à mon sens dénote aussi une plus grande complexité des vins à rebours des vins de cépages standardisés qui se multiplient partout dans le monde.
Est-il respectueux de l’environnement ?
Je vous invite à être également bien attentifs aux logos relatifs au type d’agriculture sur l’étiquette. Pour comprendre ce que recouvrent ceux qui se trouvent sur le Bel Canto, à savoir AB et « vin méthode nature », relisez cet article.
Enfin, prenez avec des pincettes toutes les mentions de type « grande réserve », « grand vin de… » ou encore « agriculture raisonnée » qui n’engagent que le vigneron puisqu’il n’existe aucune règle et organisme de contrôle sur ces sujets !