Sophie Droval a eu mille vies. Après un CAP coiffure, elle a longtemps traîné ses guêtres dans le monde de la restauration mais aussi du spectacle. Pas étonnant : pour Sophie, l’art et l’artisanat sont inextricablement liés et elle multipliera les parallèles poétiques entre la cuisine, le vin et l’art tout au long de notre conversation. Cette autodidacte inspirée et passionnante a ouvert cet été le CinSo en plein cœur de l’îlot lettré à Nîmes. À contre-courant de ce qui se pratique actuellement, Sophie y déploie une cuisine « traditionnelle d’antan » où se côtoient ris de veau, oreilles de cochon et œufs en meurette. Sur la carte des vins, des quilles bios, natures et vivantes.
Sophie s’est retrouvée en cuisine par la force des choses mais cette passionnée de pinard en connaît un rayon sur le vin. Son principal critère ? L’é-qui-li-bre. Celles et ceux qui ont lu l’édito du mois dernier savent à quel point cette réponse fait écho à tout ce que je défends depuis trois ans avec Vins d’Avenir.
C’est en pleine préparation des ris de veau que Sophie a accepté de répondre à mes questions avec beaucoup de gentillesse et de franchise.
Quel est ton parcours Sophie ?
Je suis arrivée dans l’hôtellerie restauration un peu par hasard, par des petits boulots. J’ai intégré des établissements de luxe et je suis allée améliorer mon anglais en Écosse. J’ai également travaillé à La Zygothèque à Paris auprès de Jean-Michel Noël où j’ai énormément appris sur les spiritueux puisque j’avais à portée de main cinq cents références de whiskies et deux cents de vins.
Pourquoi un concept de cuisine traditionnelle ?
Pour remettre la cuisine traditionnelle au goût du jour car avec les « Uber eats » ce sont nos traditions qui s’envolent. Il y a beaucoup de moi-même dans ce restaurant. C’est ma première affaire et je souhaite rééduquer les gens aux bonnes choses.
Pourquoi Nîmes ?
Grâce aux hasards de la vie. J’ai voyagé dans le monde entier et je devais m’engager sur un bateau pour devenir matelot. Le Covid est arrivé et j’ai dû repenser mes projets. Je suis venue voir des amis à Nîmes et le lendemain je visitais un restaurant pour acheter.
Quels vins ont ta préférence ?
Franchement, tous les vins, à condition qu’ils soient équilibrés peuvent me plaire. C’est comme les gens ! Il y a juste un cépage qui ne parle pas, qui ne me raconte rien quand je déguste, c’est le Merlot.
Quels vignerons t’ont marquée ?
Henri Milan du domaine Milan (Provence) et Marc Barrio du Clos de l’Origine (Languedoc). Humainement ce sont des personnes exceptionnelles qui ont toujours été là pour moi.
Quelles ont été les difficultés à l’ouverture de ton restaurant ?
Les travaux ont été très longs. Je pensais passer un coup de peinture et finalement il a fallu tout refaire. Rien n’était aux normes. Et puis, au milieu de l’été, le chef que j’avais engagé a claqué la porte. J’ai dû reprendre la cuisine au pied levé. Heureusement j’avais déjà un petit peu officié en cuisine. C’était difficile mais c’est comme ça que tu apprends.
Qu’est-ce qui t’enthousiasme dans ton restaurant ?
Contrairement aux idées reçues, beaucoup de femmes se régalent avec des abats. Je dois dire que ça me fait plaisir.
Quels sont tes projets ?
À court terme, pérenniser mon activité, trouver un rythme serein. À long terme, je rêve d’ouvrir un cabaret style année 1930 avec la cuisine qui va avec.
Au regard de l’engagement et de l’implication de Sophie, je n’ai pas d’inquiétude sur les succès à venir du CinSo.
29 Rue du Grand Couvent, 30000 Nîmes