Je vous livre ici quelques idées d’accords originaux avec des plats extrêmement populaires venus d’ailleurs. Il n’y a évidemment pas de règle unique : ce qui vaut pour la pizza n’est pas valable pour le poulet au curry. Ce qui est certain, c’est qu’une cuisine épicée nécessite des vins avec de la fraîcheur pour calmer la chaleur des épices et de la puissance aromatique pour ne pas s’effacer complètement face au met. Au-delà de cette règle, j’ai choisi de mettre l’accent sur des spécialités que j’adore et qui sont plébiscitées par les Français.
Avec de la pizza, des accords hauts en couleur
Les Français sont les plus grands consommateurs au monde de pizza, repas convivial et familial par excellence. Pour accompagner une pizza « classique » avec une base de sauce tomate et de fromage, il est possible d’imaginer des accords en trois couleurs. Un vin rouge léger, gouleyant, fait écho à l’acidité de la tomate et tranche avec le gras du fromage. C’est le cas de Cocagne du domaine ligérien Le Fief Noir, un 100 % Grolleau avec de jolies notes de fruits rouges et un peu d’acidité, ou d’un vin du Sud-Ouest plein de tension mais sans tannins. Pour jouer à fond la carte de la fraicheur, pourquoi ne pas oser un vin blanc marqué par une acidité franche, par exemple le P’tit Roubié du domaine de Petit Roubié dans l’Hérault ou la Cuvée des Conti du domaine Albert de Conti à Bergerac qui embaume le pamplemousse. Les inconditionnels du rosé le préfèreront avec de la matière et du fruit, comme la cuvée Esquisse du domaine rhodanien Delacroix Kerhoas.
Avec des sushis, les rouges sont interdits
Mon péché mignon ! Sans surprise, on privilégie un blanc. Les rouges abimeraient le côté frais du poisson cru et le fer contenu dans le vin et dans le poisson ne font pas bon ménage. Personnellement je raffole des bulles avec les sushis, notamment car leur température de service (7/8 °C, comme nous vous le rappelions ici ) renforce celle des bouchées japonaises (qui, préparer minute, se dégustent tièdes !). On choisit une bulle aérienne et de préférence non dosée. Le Sauvignon, de Sancerre ou de Bordeaux, s’il est suffisamment riche en acidité et en matière, peut constituer aussi un très bon compagnon de bouche.
Avec des nouilles chinoises sautées aux crevettes, les papilles sont en fête
Avec ce type de plat d’influence asiatique, qui contient souvent gingembre, cacahuète et épices type curry, on se tourne là encore vers les blancs, bien que certains rouges judicieusement choisis peuvent correspondre. Il faut un vin suffisamment aromatique pour répondre aux épices du plat. Je pense à un Pinot gris d’Alsace, un Riesling ou un Muscat qui apportent acidité, corps et intensité aromatique. C’est le cas de l’Aplomb du domaine Rieflé. On peut également, s’ils ont un peu d’acidité, oser des cépages plus sudistes comme le Rolle ou le Colombard comme celui de la cuvée Se Canta du domaine Rouanet Montcélèbre où les terroirs d’altitude du Minervois produisent une bouche fraîche. Pour sortir des accords classiques, pourquoi ne pas essayer des bouteilles plus rock’n’roll ? Je pense au Grand Blanc du domaine Milan, un assemblage de Grenache blanc, de Rolle, de Roussanne, de Chardonnay et de Muscat à Petits Grains. Un vin provençal très atypique avec de la personnalité. La preuve que les mariages de raison ne sont pas les seuls à mettre le verre et l’assiette au diapason !