A l’Épicerie, en plein cœur de Nîmes, on se sent « comme à la maison » et ce depuis quatre ans. Le concept de Caroline et Bruno Licini est simple : tout ce qu’il est possible d’acheter est consommable sur place. Il s’agit de préférence de produits bios et quasi exclusivement en circuits courts. Mais l’Épicerie, ce n’est pas que cela. C’est aussi un endroit chaleureux où le mobilier semble avoir été chiné par des mains expertes, ce sont, certains soirs, des lectures de poésie, des dégustations de vins, des concerts ou encore un troc de livre.
Quand j’interroge les propriétaires sur la genèse de ce lieu magique, la réponse fuse : « L’idée a germé lorsque le fils de Caroline a acheté les murs. Il y avait ce local. Pourquoi ne pas en faire une épicerie ? Si ça ne marche pas, on mangera le stock ! ». C’était pourtant un sacré challenge que de créer une épicerie indépendante à l’heure où les supérettes des grandes enseignes pullulent dans les centres villes.
Comment avez-vous établi la sélection de produits ?
« Ça n’a pas été difficile : nous aimons manger, alors nous avons fait des marchés et rencontré des producteurs qui sont devenus nos premiers fournisseurs. »
Aujourd’hui, l’Épicerie est devenue une belle adresse que l’on se communique entre amateurs de bonne chère et ce sont les producteurs qui viennent à Caro et Bruno pour être référencés sur leurs étagères.
Et le vin, là-dedans ? Sur les rayons, beaucoup de quilles bios, nature, que du local qu’ils achètent pour beaucoup en direct. Et pour le reste ? Ils font confiance à Vins d’Avenir, avec une préférence pour les jus « gourmands, ronds et peu tanniques ».
Le duo semble collaborer en parfaite osmose. Ce n’est pas compliqué de travailler en couple ?
« Franchement ? Non. » me répond Caroline. « Bruno est calme alors que moi je suis plus speed. Et puis, lorsque l’on parle de l’Épicerie sur notre temps libre, on n’a pas vraiment l’impression de travailler. Nos fournisseurs sont devenus des copains. La vraie difficulté, c’est le nombre d’heures. Nous sommes ouverts du mardi au samedi de 9H30 le matin jusqu’à 23h le soir. C’est assez fatiguant comme rythme. »
Vos enfants partagent-ils vos convictions sur la malbouffe ?
« Oui ! Même si lorsqu’ils étaient plus jeunes ce n’était pas le cas, aujourd’hui les frigos de nos garçons sont remplis de produits bios. Quant à notre dernière c’est une ado donc, comme tous les ados, elle est contre tout ce qu’on fait ! »
Un coup de cœur respectif ?
Pour Caroline ce sera Amélie Clavier, qui produit une liqueur de verveine. « C’est un ange. Et elle est la seule productrice qui démarre de la culture de la plante pour aller jusqu’à la mise en bouteille. » Le choix de Bruno se porte sur Sylvain Petit, un producteur de vinaigre et moutardier.
« Tous deux sont des passionnés. Les logiques économiques n’ont pas de prise sur ces gens-là. Amélie ramasse les plantes quand elle « sent » que c’est le bon moment tandis que Sylvain a mis trois ans a élaboré sa meule. »
Enfin, et c’est sans doute ce qui me rend Caroline et Bruno si attachants, ils travaillent en parfaite confiance avec les producteurs. Les fournisseurs ardéchois ont par exemple la clef de la maison que le couple possède dans la région et qu’ils y déposent leur commande en leur absence.
Dans un monde toujours plus individualiste et qui invite à la méfiance, les « petits » commerces comme l’Épicerie sont aussi précieux pour l’estomac que pour l’âme.
L’épicerie, 14 rue de l’Agau, 30 000 Nîmes
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