« Qui sème la misère, récolte la colère »

C’est ce genre de banderolle que l’on a pu trouver ces dernières semaines lors des manifestations d’agriculteurs. Les agriculteurs sont une corporation que l’on entend peu alors comme beaucoup j’ai été surprise de l’ampleur du mouvement et de sa véhémence.

Plus récemment, lors d’une discussion avec l’un des vignerons de vins d’avenir nous parlions tarifs quand il lacha cette petite phrase «  Tout le monde soutient les agriculteurs mais personne n’est prêt à payer plus cher »

J’ai donc voulu savoir si les vignerons eux-mêmes soutenaient les revendications des agriculteurs. Globalement oui. Ce qui semble faire l’unanimité est une meilleure revalorisation de leur travail. Aujourd’hui, 18% des agriculteurs vivent sous le seuil de pauvreté . Lorsque j’interroge Amelie Bonnard c’est le premier point qu’elle soulève « Il n’est absolument pas normale aujourd’hui, de ne pas pouvoir vivre de notre travail. » . Surtout au regard du nombre d’heures travaillées. Comment en est-on arrivé là ?

Depuis 30 ans, le revenu net de la branche agricole a baissé de 40% en France en euros constants. Dans le même temps, le nombre d’exploitations agricoles a diminué de 60%.  Le revenu net par actif agricole non salarié a donc augmenté . Pourtant ces chiffres masquent de grandes disparités. L’argent se concentre dans de très grosses exploitations et la situation des plus petits devient de plus en plus précaire.

Les agriculteurs réclament le respect stricte des lois egalim censées réguler les prix . Pourquoi jusqu’à présent cette loi n’est-elle pas simplement appliquée ? 

L’agriculture souffre beaucoup de la concurrence internationale, heureusement sur ce point la viticulture semble encore privilégiée. Les français boivent du vin français.

Pour autant, les vignerons n’épousent pas toutes les revendications de la FNSEA. C’est ce que m’explique Pascal Lambert. « Je ne me sens pas spécialement représenté par la FNSEA mais en l’occurrence ils ont le mérite d’avoir jeté un pavé dans la mare. Mais sur les questions environnementales je ne les suis pas. Cela fait vingt cinq ans que nous œuvrons au domaine pour assainir les sols. Hors de question de revenir en arrière ».

Même son de cloche pour Amélie au Mas Baudin «  Je ne comprends pas en revanche que sur l’arrêt de certains produits chimiques nous revenions en arrière. Pourquoi se calquer sur l’Espagne alors que nous avons une agriculture plus verte. C’est l’inverse que nous devrions faire. »


En revanche tous semble désabusé face à l’inaction des pouvoirs publique. « Il y a des effets d’annonce , des effets de manche mais à la fin rien n’est appliqué ».
Pourtant les vignerons ne perdent pas espoirs  » Je crois plus a l’éducation du consommateur, qu’aux actions du gouvernement. Avec d’autres, nous avons ouverts un magasin de producteurs pour pouvoir être au contact direct du client final.  »  m’explique Amélie


Comme eux, je crois plus aux actions citoyennes qu’aux actions politiques. Ne dit-on pas souvent que l’on vote avec sa carte bancaire.

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