Cépage méridional initialement planté en Provence, le Cinsault est très adapté aux sols secs et arides de la Méditerranée où il est planté sur tout le pourtour. Il est aujourd’hui très utilisé dans la Vallée du Rhône et le Languedoc. Au domaine Monplézy où il représente neuf hectares de l’encépagement, il est utilisé en monocépage dans la cuvée Canon Huppé. Le vigneron Christian Gil m’explique : “cépage très résistant à la sécheresse et peu sensible aux maladies, il est très productif. Quand j’étais jeune, en plaine, il pouvait produire jusqu’à 250 hectolitres par hectare (à titre de comparaison, les rendements autorisés en Côtes du Rhône sont de 54 hL/ha).
Des rouges glouglou
Beaucoup employé pour les rosés, je le préfère en rouge car il permet de produire des vins souples et légers aux notes de framboise et de fruits frais, parfois même légèrement florales. Au domaine Rouanet Montcélèbre, Audrey Rouanet vinifie le Cinsault dans la cuvée Se Canta. “Au départ j’utilisais le Cinsault pour faire du rosé. Mais le marché exige des rosés très clairs et si le Cinsault n’est pas suffisamment extrait il donne des vins peu intéressants gustativement. Il est bien plus intéressant en rouge” affirme la vigneronne. Cépage très réducteur, peu sensible à l’oxydation, il est de plus particulièrement adapté à la production de vins nature, sans soufre ajouté.
À l’heure où les degrés des vins du Sud grimpent, le Cinsault est un allié précieux des vignerons méditerranéens. Mathieu Rabin du Château Juvenal dans le Ventoux confirme : “nous avons planté du Cinsault pas vraiment pour ses qualité organoleptiques mais plutôt parce qu’il nous permet d’abaisser le degré d’alcool de nos vins. C’est un encépagement minoritaire au domaine où nous avons beaucoup de Grenache et de Syrah”.
Malgré ses nombreux atouts, le Cinsault a aussi des défauts. “Sa qualité peut être très inégale en fonction des années. Il est parfois aqueux” m’explique Audrey. “Le Cinsault a une peau très fine, ce qui le rend très sensible aux gros orages ou à la grêle” complète Christian du domaine Monplézy. S’il est très adapté pour les vins faciles, il ne l’est en revanche pas du tout pour produire des vins de garde. D’ailleurs les vignes aussi fatiguent en général au bout d’une quarantaine d’années.”
La variété a donc de beaux jours devant elle à l’heure où la demande pour les vins faciles à boire et plus légers ne cesse d’augmenter.
La famille Bonnard n’avait pas créé de nouvelle cuvée depuis 2008 et le défi leur tenait à cœur. « Nous sommes très intéressés par la biodynamie et créer une cuvée sans soufre me semblait être un premier pas » m’explique Amélie. Les raisins proviennent de la fameuse parcelle « michto » où s’épanouissent les plus belles Syrah du domaine. Cépage réducteur, la variété se prête particulièrement bien à la vinification sans soufre. Il en résulte un très joli jus, précis et élégant. Il n’était en effet pas question d’élaborer un vin déviant. Raison pour laquelle ils ont préféré ajouter des levures exogènes. « Si le vin réagit bien, nous laisserons les levures indigènes faire leur travail au prochain millésime » précise Amélie.
Le nom de la cuvée, Coquin de Sort, souligne la prise de risque, la part d’inconnu à vinifier sans soufre. C’est aussi un pied de nez au sort qui s’est un peu acharné sur le Mas Baudin ces derniers temps (incendies, problèmes d’approvisionnement de bouteilles, de capsules, etc.). Chez les Bonnard, on préfère en rire qu’en pleurer.
Avec l’été vient le rosé. Des trois couleurs, il est sans aucun doute le plus clivant, adoré ou méprisé. Je suis assez amusée lorsque l’on m’affirme ne pas l’aimer : à l’aveugle, il est très difficile de distinguer un rosé et d’un blanc. Y compris pour des professionnels du vin. Pour ma part, je ne rechigne pas devant un bon rosé, facile à boire pour accompagner une grillade ou plus gastronomique pour d’étonnants accords mets et vins. Je vous présente trois rosés de caractère en espérant faire changer d’avis les plus récalcitrants !
Noah est une cuvée éphémère qui porte le nom du deuxième fils de Théophile et Nathalie Milan. Son grand-frère Eliott avait, lui aussi, eu droit à sa cuvée. Noah n’aura pas à rougir — ou plutôt rosir — de « son » vin. Assemblage de Grenache noir et de Syrah, Noah est un rosé de macération (je vous renvoie à ce billet qui explique les différentes méthodes de vinification du rosé) élevé 18 mois en foudre et mis en bouteille sans filtration. Dans le verre, Noah est un rosé vineux qui embaume les fruits rouges bien mûrs.
En bouche, une belle sucrosité soutenue par une tension qui fait saliver apporte beaucoup de gourmandise. Le travail d’élevage est assez remarquable puisque les foudres apportent structure et matière sans rudesse excessive. Mention spéciale pour l’étiquette que je trouve graphique et poétique.
Où le trouver ?
Après une visite du magnifique Pont du Gard, faites un passage chezLes Compagnons du terroir à Castillon-du-Gard. Vous pourrez emporter la bouteille ou la déguster sur place avec une belle planche de charcuteries et de fromages locaux !
Un autre rosé de macération, assemblage de 75 % de Nielluccio et de 25 % de Grenache. Le vin présente un profil acidulé extrêmement flatteur avec des notes de pêche, de citron et de verveine. J’aime beaucoup l’attaque très gourmande soutenue par une acidité d’une grande finesse et une finale interminable. Le compagnon idéal pour cet été.
Cette cuvée a de plus été relookée, ce qui ne gâche. Il faut dire que j’ai littéralement harcelé Thibault Kerhoas, vigneron qui avait tout pour réussir sauf de jolies étiquettes. C’est chose faite !
Où le trouver ?
Après une descente en Kayak sur le Gardon, faites une pause Au Bajana dans le magnifique village de Collias où Barbara saura vous proposer des accords mets et vins qui raviront vos papilles.
Parce que l’été j’adore boire des bulles, ce pétillant naturel est mon compagnon de la saison. À Fronton, dans le Sud-Ouest, la Négrette règne en maître. Cépage très noir (d’où son nom), il produit des rouges avec beaucoup d’acidité. La famille Ribes a eu l’intelligence d’en faire des bulles. Résultat : un pétillant hyper désaltérant et frais aux notes de petits fruits rouges, de violette et de fraise écrasée. Idéal en apéritif ou au dessert. Et ce « pet’ nat’ » est doublement naturel puisqu’il est vinifié sans aucun soufre ajouté. A consommer sans modération !
Où le trouver ?
Si vous avez la chance de visiter Nîmes cet été, poussez la porte de Flacons boulevard Gambetta, entre la Maison carrée et les jardins de la Fontaine. Vous serez accueilli par Simon et Léon qui vous feront découvrir leurs sélection de vins bio et natures où se côtoient grands noms et petits producteurs.
Avec la vendange 2022, le Vin de copains du domaine Wilfried fêtera ses dix ans. « Lorsque nous avons créé cette cuvée, nous nous sommes inspirés des vins de Loire et du Beaujolais qui parviennent à offrir des rouge légers et souples. Nous souhaitions un vin frais et accessible, facile à déboucher lorsqu’une soirée entre amis s’improvise. Aujourd’hui il existe beaucoup de vins dans cet esprit mais il y a une dizaine d’année, dans le Sud, nous étions peu nombreux. » me raconte Réjane Pouzoulas qui gère le domaine avec son frère Wilfried. Pour représenter la convivialité de ce jus fermenté, Réjane et Wilfried travaillent avec un artiste et choisissent de faire cohabiter sur l’étiquette leur tribu. « Il était important pour nous d’y mêler famille et amis. L’étiquette commence par les noms de nos parents et de nos enfants et se termine avec ceux de nos grands-parents. Au centre, ce sont ceux de nos amis et du personnel, indissociable de notre travail. » Pour parvenir à un vin rouge aussi souple et léger, le domaine procède à des macérations courtes, une vinification en levures indigènes et avec des doses de soufre homéopathique. Assemblage de Cinsault et de Grenache, le Vin de copains offre un nez floral avec des notes de grenade et une très belle buvabilité. Cette cuvée est un succès puisqu’en 2022 le domaine ambitionne de produire 8 000 bouteilles, dix fois plus qu’en 2012 !
Je suis ravie d’évoquer ici un nouvel et bel endroit qui a ouvert ses portes à Castillon du Gard, Les Compagnons du Terroir. Dans cet ancien hangar de 500m2, on trouve du pain au levain, des limonades, du miel ou encore du vin ! Tous ces produits ont en commun d’être sourcés localement, du Gard ou des départements voisins.
Paul Vialle et sa femme Valérie Trial sont aux manettes du lieu, à mi-chemin entre le concept store, la cave à manger et l’épicerie fine. Je connais le travail de Paul depuis quelques années puisqu’il a été gérant d’un restaurant où il vendait les vins du Château de Montfrin. Il a ensuite lui -même travaillé dans un domaine viticole. Un bagage solide pour cet épicurien, travailleur infatigable et toujours d’une très grande gentillesse. Je lui souhaite vraiment beaucoup de succès car il manquait un magasin de cette envergure au pied du pont du Gard.
Question vin, ils n’ont pas fait les choses à moitié. Épaulés de Thomas Cluzel qui a fait ses armes auprès de Simon Poussielgues à la cave Flacons à Nîmes (dont nous vous parlions ici), ils proposent pas moins de 500 références de vins à déguster sur place ou à emporter. Thomas et Paul recherchent des vins d’auteurs, ils sont extrêmement curieux et pointus sur la nature du travail des vignerons. Il en résulte une sélection où se côtoient de jolis vins locaux avec des flacons plus atypiques et depuis peu quelques Vins d’Avenir aussi !
Thomas m’a fait le plaisir d’accepter de se prêter au jeu du portait chinois.
Si tu étais un vin rouge ?
Un domaine des Tours en rouge, le meilleur rapport qualité prix du monde (il appartient Emmanuel Reynaud, propriétaire du légendaire château Rayas à Châteauneuf-du-Pape).
Si tu étais un vin blanc ?
Un Riesling alsacien bien tendu.
Si tu étais un vin pétillant ?
Un blanc de blanc extra brut ou zéro dosage.
Si tu étais un accord mets et vin ?
Un vieux Grenache vinifié en vin doux naturel avec un vieux roquefort.
Si tu étais un vin d’un autre pays ?
Les vins du domaine Gut Oggau en Autriche.
Si tu étais une bière ?
L’indigène, bière des Compagnons.
Si tu étais un spiritueux ?
Un rhum.
Si tu étais une appellation ou une région viticole ?
Alors que depuis des années la consommation de vin décroît, la consommation de bière suit une tendance inverse. En France, en moyenne, une nouvelle brasserie ouvre chaque jour. On comptait 246 brasseurs en France en 2006, 1600 en 2020 et ils seraient plus de 2 000 aujourd’hui ! Bonne nouvelle : ce sont surtout les bières artisanales qui progressent. Pour comprendre ce phénomène, je suis allée interroger Théo Gabriel, gérant et brasseur de la très chouette brasserie Agora.
Du raisin au brassin
Théo a plus ou moins toujours évolué dans le monde de la gastronomie. À 11 ans, il fait une première incursion dans la cuisine de son père restaurateur. Puis, plus tard, lorsque la famille ouvre son restaurant, il intègre l’équipe. « J’étais polyvalent mais j’ai très vite compris que pour assurer la pérennité économique du restaurant et améliorer les marges, il nous fallait une belle carte des vins. J’avais beau lire des bouquins, ce n’était pas suffisant. » Il décide alors d’intégrer en 2015 la formation de sommelier caviste de Suze-la-Rousse. Parallèlement, depuis 2012, Théo brasse chaque année en amateur avec des copains. « C’est comme ça que j’ai appris, en expérimentant, en faisant des erreurs ». Peu à peu, l’idée de monter sa brasserie fait son chemin. Il s’associe avec quatre amis à lui, dont Sébastien Alban et Mathieu Rabin du Château Juvenal. Même si sa part est majoritaire, Théo souhaitait ne pas entreprendre seul. « Avec Mathieu, nous apprécions monter des projets ensemble et je trouve la réflexion plus riche et plus aboutie quand on est plusieurs. Je dois dire également que mes quatre associés sont les meilleurs prescripteurs de la brasserie. Beaucoup de clients sont venus à nous grâce à eux. » La brasserie ouvre à Carpentras en 2019 et c’est un succès. Mérité : les bières brassées par Théo sont aussi belles que bonnes.
Boire sans ivresse
Lorsque je le questionne sur les raisons du développement des brasseries en France, Théo y voit au moins deux raisons. « Pendant des années, les seules bières sur le marché étaient des produits industriels. Comme pour le vin, les consommateurs recherchent des produits artisanaux et locaux. La deuxième explication, c’est qu’aujourd’hui les gens font très attention aux degrés d’alcool — là encore problématique rencontrée dans le vin — et la bière permet de boire sans être ivre.
Quid de la pérennité économique de ces micro-brasseries alors que les marges sont faibles et qu’il faut produire et vendre un certain volume ? « Il y a de la place pour tout le monde mais c’est vrai que le modèle économique pose question et que certaines périclitent. Être cinq est aussi un atout pour cette raison. »
Accords houblonnés
Comment définir une bonne bière ? Une fois encore, Théo fait une passerelle avec le précieux nectar : « comme pour le vin, il faut un équilibre entre l’amertume, la sucrosité, la qualité des bulles et la palette aromatique. »
Les productions de la brasserie Agora méritent de ne pas être cantonnées à l’apéro. Avec la blonde, « la plus consensuelle, conçue pour plaire à toutes et tous, fleurie et équilibrée », Théo conseille un Beaufort ou un Comté. Avec la IPA, nettement plus amère mais qui dévoile aussi de très séduisantes notes exotiques, essayez une salade d’endives pour faire ressortir l’amertume ou bien au contraire casser les codes avec un dessert au miel, un pain d’épices par exemple. La noire, qu’on obtient grâce à un malt torréfié, se marie particulièrement bien avec le gingembre, les pâtes persillés ou encore la cuisine asiatique. Chaque année, la brasserie expérimente de nouvelles bières. La dernière en date est une blonde triple boisée avec beaucoup de caractère. Elle innove aussi sur les formats, toutes les couleurs existent en 75 cl et même en magnum. Les cinq associés ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin. Ils ont sorti il y a quelques mois un délicieux gin aux notes citronnées que j’affectionne particulièrement. Si vous souhaitez découvrir toutes leurs créations, la brasserie Agora organise cet été plusieurs soirées avec de la petite restauration. Suivez-les sur Facebook pour être tenu.e informé.e.
Aîné de notre fratrie, Vivien est le premier spécimen masculin auquel j’ai eu affaire. J’ai eu de la chance. Ma plus grande joie enfant et ado était de pouvoir rester avec lui et ses amis même si j’ai dû pour cela affronter de cuisantes défaites au Monopoly. Grâce à lui j’ai appris très tôt à défendre mes intérêts et à ne pas me laisser marcher sur les pieds : lors de nos chamailleries enfantines ses trois ans d’avance se faisaient cruellement sentir. Les cadets me comprendront… Aujourd’hui il est un grand-frère exceptionnel, toujours présent. Ami loyal et charismatique, doté d’un grand sens de l’humour, Vivien est un chef de bande. C’est un garçon qui parvient à mêler une grande fantaisie et une intelligence redoutable. La preuve : il est capable de faire aimer les maths à n’importe qui, même à moi !
Vivien est un excellent cuisinier mais, dans notre famille, il est surtout connu pour son redoutable coup de fourchette. Quand nous étions ados, ma mère préparait un saladier de steak tartare et je vous garantis qu’il ne restait rien à la fin du plat. Ses goûts le portant vers la cuisine fusion, cette recette est à son image.
Ingrédients pour 4 personnes
Huile de sésame
Soja
Graine de sésame
1 oignon
2 gousses d’ail
Sauce soja
3 cuillères à soupe de beurre de cacahuète
400 grammes de nouilles chinois
400 grammes de filet de poulet
2 carottes
Faites cuire à part les nouilles et réservez-les.
Dans une sauteuse, faites revenir l’oignon émincé et les carottes coupées en lamelles.
Pressez-y les gousses d’ail.
Ajoutez au mois 3 cuillères à soupe de beurre de cacahuètes et un peu d’eau pour fluidifier.
Ajoutez les morceaux de poulet coupés en dés.
Ajoutez des morceaux de cacahuètes broyées sur le poulet.
Dans un plat, versez l’huile de sésame grillé, le soja et les graines de sésame. Couvrez-le et secouez.
Faites sauter les nouilles au wok.
Les nouilles et le poulet en sauce restent séparés jusqu’au service.
Accords mets et vins
Avec ce plat, il est possible d’oser un accord avec une bière pour répondre à l’onctuosité du beurre de cacahuète. Par exemple la bière ambrée de la brasserie Agora qui a un goût de biscuit. Plus classique : un vin blanc avec un peu de matière. Je pense au Santenay premier cru du domaine Chapelle, un élégant Chardonnay puissant, aromatique et équilibré.
Je vous livre ici quelques idées d’accords originaux avec des plats extrêmement populaires venus d’ailleurs. Il n’y a évidemment pas de règle unique : ce qui vaut pour la pizza n’est pas valable pour le poulet au curry. Ce qui est certain, c’est qu’une cuisine épicée nécessite des vins avec de la fraîcheur pour calmer la chaleur des épices et de la puissance aromatique pour ne pas s’effacer complètement face au met. Au-delà de cette règle, j’ai choisi de mettre l’accent sur des spécialités que j’adore et qui sont plébiscitées par les Français.
Avec de la pizza, des accords hauts en couleur
Les Français sont les plus grands consommateurs au monde de pizza, repas convivial et familial par excellence. Pour accompagner une pizza « classique » avec une base de sauce tomate et de fromage, il est possible d’imaginer des accords en trois couleurs. Un vin rouge léger, gouleyant, fait écho à l’acidité de la tomate et tranche avec le gras du fromage. C’est le cas de Cocagne du domaine ligérien Le Fief Noir, un 100 % Grolleau avec de jolies notes de fruits rouges et un peu d’acidité, ou d’un vin du Sud-Ouest plein de tension mais sans tannins. Pour jouer à fond la carte de la fraicheur, pourquoi ne pas oser un vin blanc marqué par une acidité franche, par exemple le P’tit Roubié du domaine de Petit Roubié dans l’Hérault ou la Cuvée des Conti du domaine Albert de Conti à Bergerac qui embaume le pamplemousse. Les inconditionnels du rosé le préfèreront avec de la matière et du fruit, comme la cuvée Esquisse du domaine rhodanien Delacroix Kerhoas.
Avec des sushis, les rouges sont interdits
Mon péché mignon ! Sans surprise, on privilégie un blanc. Les rouges abimeraient le côté frais du poisson cru et le fer contenu dans le vin et dans le poisson ne font pas bon ménage. Personnellement je raffole des bulles avec les sushis, notamment car leur température de service (7/8 °C, comme nous vous le rappelions ici ) renforce celle des bouchées japonaises (qui, préparer minute, se dégustent tièdes !). On choisit une bulle aérienne et de préférence non dosée. Le Sauvignon, de Sancerre ou de Bordeaux, s’il est suffisamment riche en acidité et en matière, peut constituer aussi un très bon compagnon de bouche.
Avec des nouilles chinoises sautées aux crevettes, les papilles sont en fête
Avec ce type de plat d’influence asiatique, qui contient souvent gingembre, cacahuète et épices type curry, on se tourne là encore vers les blancs, bien que certains rouges judicieusement choisis peuvent correspondre. Il faut un vin suffisamment aromatique pour répondre aux épices du plat. Je pense à un Pinot gris d’Alsace, un Riesling ou un Muscat qui apportent acidité, corps et intensité aromatique. C’est le cas de l’Aplomb du domaine Rieflé. On peut également, s’ils ont un peu d’acidité, oser des cépages plus sudistes comme le Rolle ou le Colombard comme celui de la cuvée Se Canta du domaine Rouanet Montcélèbre où les terroirs d’altitude du Minervois produisent une bouche fraîche. Pour sortir des accords classiques, pourquoi ne pas essayer des bouteilles plus rock’n’roll ? Je pense au Grand Blanc du domaine Milan, un assemblage de Grenache blanc, de Rolle, de Roussanne, de Chardonnay et de Muscat à Petits Grains. Un vin provençal très atypique avec de la personnalité. La preuve que les mariages de raison ne sont pas les seuls à mettre le verre et l’assiette au diapason !
Gard à Elles est un réseau professionnel féminin épatant. J’y ai rencontré Sophie Bouvrais qui, en plus de m’avoir vendu ma maison, est devenue une amie. Fanny et Marion Pascal, les précieuses comptables de Vins d’Avenir qui ont changé ma vie. Dorothée Devine qui est aujourd’hui ma notaire. Mirelle HDB qui écrit sous ce nom d’emprunt des livres dont je me régale. Ou encore Léa Chiari que je vous présentais dans un précédent billet. Autant dire que je suis archi convaincue du bien-fondé de cette association, contrairement à d’autres réseaux professionnels essayés auparavant qui m’avaient semblé artificiels. J’ai donc eu envie de comprendre comment fonctionne Gard à Elles et à quoi tient sa réussite.
La recette du succès
C’est lors d’une soirée d’hiver de novembre 2018, dans une cave à vins de Nîmes, que l’idée germe dans la tête de Nathalie Teissonnier, Julie Fabre, Laure Le Cozler et Coline Godde. Voici la première clé du succès : le cercle à l’origine de ce réseau professionnel est… amical. Et les différences des quatre amies semblent les unir : il y a vingt ans d’écart entre la plus jeune et la plus âgée et elles n’évoluent pas dans les mêmes milieux professionnels. Leur rencontre est due au hasard : toutes travaillaient rue saint Antoine à Nîmes. C’est précisément cette amitié et cette diversité qui fait qu’on se sent bien aux rencontres Gard à Elles. « Nous sommes vraiment complémentaires » m’explique Nathalie, la Présidente. « Coline, la plus jeune, apporte un grain de folie, Laure nous cadre, moi j’apporte des idées et Julie les met en musique ».
Les amies programment une première réunion en mars 2019. Entre-temps, elles travaillent d’arrache-pied, créent des statuts, un logo, et mettent en place l’essence de ce qui fera leur credo : les 5 A pour accompagner, apporter, acquérir, animer et aider. « Nous espérions quinze femmes pour la première mais quarante se sont présentées et vingt étaient sur liste d’attente. Il a fallu trouver des lieux plus grands ! Aujourd’hui, nous sommes près de deux cents adhérentes. Nous voulions un réseau décomplexé ouvert à toutes les femmes, pas uniquement les cheffes d’entreprises », précise Julie, aujourd’hui salariée à temps plein du réseau. Le brassage est en effet très large est à Gard à Elles : on peut y croiser une artiste, une auteure, une fleuriste, une sage-femme, une avocate ou encore une sophrologue. C’est rafraîchissant et inspirant et, finalement, le motif principal d’adhésion n’est pas de faire du business mais plutôt de rencontrer de nouvelles têtes, des femmes qui ont en commun d’avoir une vie professionnelle enrichissante. « Le réseau a fonctionné aussi parce qu’il répondait à un réel besoin des femmes actives d’échanger entre elles » confirme Nathalie.
Malgré l’énorme succès de leur projet, les fondatrices sont restées chaleureuses et accessibles. Elles ne se mettent jamais en avant et elles ont toujours un mot gentil pour chacune. Elles semblent avoir créé un cercle vertueux : elles donnent beaucoup mais reçoivent aussi énormément.
Et quoi de mieux pour partager un moment convivial que de faire bonne chère ? Gourmandes, épicuriennes, les soirées qu’elles organisent sont aussi l’occasion de bien boire et de bien manger et j’ai régulièrement la chance d’y proposer la sélection Vins d’Avenir. Mais derrière cette bonne humeur affichée, les quatre amies travaillent dur. Le réseau est indépendant financièrement, financé uniquement par les adhésions et les sponsors (qui sont souvent des adhérentes), sans subventions. Nathalie et Julie mettent un point d’honneur à connaître chaque nouvelle adhérente. Elles se creusent la tête pour offrir des contenus et n’hésitent pas à se remettre en cause si une formation n’a pas le résultat escompté.
Aujourd’hui le réseau a beaucoup évolué et, quand je les interroge sur leurs projets, les réponses fusent : « Nous nous adaptons sans cesse à la demande. Pendant le confinement nous avons beaucoup travaillé à digitaliser notre offre. Nous sommes en train de réfléchir à des rencontres à d’autres moments (petit-déjeuner, déjeuner, afterwork) et sur de plus petits formats. »
4 questions aux 4 fondatrices
Que vous a apporté le réseau ?
Nathalie Tessonnier : Beaucoup de rencontres. Je peux mettre en pratique pleins d’idées et je me mets en danger à chaque fois quand je prends la parole.
Laure Le Cozler : Cela m’a dynamisé, me sort de mon quotidien professionnel. C’est très enrichissant de découvrir d’autres dynamiques professionnelles.
Julie Fabre : Beaucoup. Quand nous avons créé Gard à Elles, j’étais à un carrefour de ma vie. Le réseau et le poste qui en découlent m’ont offert un cadre et des responsabilités. C’est très gratifiant de mettre en place des actions et de voir qu’elles fonctionnent.
Coline Godde : Des rencontres professionnelles et personnelles riches, des nouvelles amitiés, du bonheur en gros !
Un mot pour définir le réseau ?
Nathalie : Rencontres et sourires !
Laure : Dynamique !
Julie : Partage.
Coline : Engagement.
Plutôt vin, bière ou cocktails ?
Nathalie : Plutôt du vin ! J’aime les blancs secs et fruités. Je me mets à la bière. L’idée était de moins boire mais ce n’est pas très efficace.
Julie : Plutôt vin mais mes goût ont évolué avec le temps. J’aime les vins fruités et fleuris. J’apprécie aussi beaucoup les cocktails. J’ai travaillé dans un bar et j’ai appris les subtilités de la mixologie.
Laure : Je bois peu mais, si je bois, c’est plutôt du vin blanc. Je les aime singuliers avec de la personnalité et de l’acidité.
Coline : Plutôt du vin. Un bon vin rouge bien rond (avec une bonne viande saignante)
Votre plat signature ?
Laure : J’ai des origines italiennes et j’habite Uzès donc je dirai les lasagnes à la truffe.
Julie : Le risotto.
Coline : Je pâtisse plutôt. Je dirais une belle tarte au citron meringuée.