Le restaurant Obélias est un nouvel établissement gastronomique qui a ouvert ses portes à Naucelle, au cœur du Ségala, dans l’Aveyron.
J’ai été particulièrement ravie d’apprendre l’existence d’un tel établissement à seulement quinze minutes de chez moi. Rurale, depuis plus de deux ans et épicurienne depuis toujours, les restaurants de cette envergure ne sont pas légion.
Je suis donc partie à la rencontre de l’équipe pour en savoir plus. Je n’ai pas été déçue!
C’est donc un mercredi d’octobre que j’ai fait plus ample connaissance avec Guilhem Fines et Léonie Salles, les propriétaires de l’établissement respectivement chef de cuisine pour lui et en charge des desserts pour elle, entourés de Chloé Vignaud leur amie, sommelière et responsable de salle.
Guilhem est originaire de Toulouse, Léonie du Tarn et Chloé d’Auvergne. Tous trois se sont rencontrés en 2021 alors qu’ils officiaient dans un même établissement. Gilhem et Léonie n’avaient pas prévu d’ouvrir si jeune un établissement “ c’est l’opportunité qui nous a décidés, l’établissement était à reprendre, après avoir pas mal bourlingué dans diverses établissements gastronomique de France et d’ailleurs, ils se sont décidés. Ils ont appelé leur amie Chloé sommelière à la rescousse pour se lancer, il y a à peine un an.
J’ai été très touchée par cette équipe. Par leur jeunesse bien sûr, (la doyenne a vingt-six ans), leur fraîcheur et leur détermination à faire du beau et du bon. Léonie m’explique “Nous souhaitions créer une ambiance chaleureuse, nous avons travaillé au Danemark et nous souhaitions porter cette influence nordique en proposant une ambiance chaleureuse, simple, moderne mais chic.” Des matières nobles, du bois, du marbre. Dans l’assiette, les influences nordiques sont là aussi avec une cuisine avec beaucoup de fermentations et qui fait la part belle aux poissons “Ici nous sommes dans une région d’excellence concernant la viande, mais il est plus difficile de bien manger du poisson, c’est l’une des attentes de notre clientèle. J’aime cuisiner le poisson et le sélectionner, je suis moi-même amateur de pêche.” m’explique Guilhem.
C’est aussi leurs liens qui m’ont ému, que j’ai senti profonds. Guilhem et Léonie forment un couple étonnant où leur parcours se répondent en miroir. Lui était un gamin pas scolaire du tout, qui se retrouve dans des situations difficiles au collège, mais depuis toujours intéressé par la cuisine. A l’âge de 11 ans, il organise avec la complicité de sa grand-mère des repas à thème pour sa famille. Très vite ses parents ont la bonne idée de le mettre en contact avec le monde professionnel. Ce sera la révélation.
A l’inverse, Léonie rêve de faire de la pâtisserie mais c’est une élève sérieuse et studieuse que professeurs et parents tentent de dissuader, conscients de la difficulté du milieu. Elle entame alors des études de commerce mais très vite se rend compte qu’elle n’est pas à sa place. Elle intègre une école de cuisine à Toulouse et rencontre Guilhem en apprentissage .
Tous deux se complètent et lorsque j’évoque avec eux la réputation hyper exigeante du monde de la cuisine chacun à sa vision . Pour Guilhem cela reste un passage obligé extrêmement formateur, pour Léonie une façon de faire d’un autre temps à ne surtout pas reproduire. Lorsque je leur demande si le sexisme est toujours aussi prégnant dans ce milieu, même si elles concèdent des progrès, Chloé et Léonie (pourtant pas bien vieilles) ne manquent pas d’anecdotes concrètes (brimades, écarts de salaires etc) . Comme cette fois où Chloé demanda si c’était monsieur ou madame qui goûtait le vin et où la réponse fut “Monsieur évidemment! Nous sommes en 2024…
Question vin c’est Chloé la spécialiste, qui cherche à bâtir une carte cohérente qui fait la part belle aux petits producteurs et petites pépites.
Quand je lui demande vers quelle région ses goûts la portent, c’est la Vallée du Rhône qui obtient ses faveurs. Notamment pour la cuisine de Guilhem, elle ne tarit pas non plus d’éloges sur les vins Aveyronnais qui ont fait d’énormes progrès ces dernières années.
Vous l’aurez compris leurs passions, et leurs engagements sont communicatifs et personne ne s’y trompe puisqu’en quelques mois Obélias a déjà obtenu les faveurs du Gault et Millau et du guide Michelin.